En vie

octobre 2019, Paris
Série d’affiches

Projet réalisé sous la supervision de Françoise Petrovitch, avec l’aide d’Alicia Briant. Le projet consistait à créer une production plastique à partir d’un extrait de En vie, par Eugène Savitzkaya, retranscrit ci dessous.

L’eau bout et la buée recouvre les vitres. C’est un autre monde qui se prépare et grandit. L’eau bouillante a son odeur propre, une odeur immédiatement perceptible, car portant en elle toutes les qualités propices à sa perception, la chaleur, la légèreté et l’humidité. Elle prend une forme parfaite, volatile et tiède. C’est son esprit que l’on aspire et qui nous traverse. Dans la cuisine où bout la bouilloire se répète un très vieux phénomène dont je suis l’un des derniers témoins, celui du jour présent. Je suis le contemporain de l’ébullition et de l’évaporation, et l’humidité me touche et m’émeut. Je ne vois plus les arbres. Je ne vois plus les nuages et je ne vois plus les toits. J’habite dans une tente fragile qu’il me plaît de croire faite en jupon de femme, en jupon légèrement rosé - c’est le soleil couchant. Je n’ai pas d’argent. Je vis dans l’autre monde, celui de l’opacité relative, de l’eau présente, de la buanderie, des draps translucides, des limbes, du brouillard et de l’aube.

En vie, Eugène Savitzkaya, éditions de Minuit

Le texte traitant principalement de l’eau en ébullition, j’ai choisi de porter mes expérimentations dessus.
De fil en aiguille, une série d’affiches s’est dessiné, retranscrivant sous forme de mises en scènes créées par des objets, de la vapeur et du texte projeté, un découpage du texte. Ainsi ces affiches pourraient être rapprochées d’illustrations. L’affiche a notamment été envisagée en regard de la série HAVRE faite par Frédéric Teschner en 2013.